• 10.03  Soirée slam au Papier Timbré avec Slam Connexion                  Un atelier suivi d’une scène ouverte sur le thème « insurgez-vous », c’est soirée slam au Papier timbré, fameux bar rennais du vieux st Etienne.  Les slameurs ne sont pas de nature ponctuelle ? Qu’à cela ne tienne, l’atelier commencera tout de même à 18h30 mené d’une main de maître par Cocteau Mot’lotov. Ici, on ne laisse personne sur le carreau. Tout le monde participe et chacun est soutenu à chacun de ses mots. Une équipe du feu de dieu se constitue pour l’atelier, on est bien. Tellement bien que Cocteau se demande s’il a vraiment envie de s’insurger… On s’y met tout de même assez vite parce qu’il faut bien le dire, Cocteau a plus d’un exercice dans son sac et c’est franchement alléchant.  


    Quels mots y a-t-il dans in-su-rre-ction ? Qu’est-ce que ça nous évoque ? Combien y-a-t-il de « r » ? Contre quoi peut-on s’insurger ? Et puis d’abord, quelle définition nous propose le Petit Robert ? Un pêle-mêle de termes en tout genre est alors étalé sur un tableau comme un nuage internet et c’est parti, au boulot, on s’en va faire rimer les mots. S’en suit la lecture de chaque texte, tous plus originaux les uns que les autres ; Qu’on les clame d’une douce voix, en rythme, à grande vitesse, debout sur une chaise d’une voix forte ou rieuse, les textes sont là et les oreilles aussi.


    Puis la scène s’ouvre à 21h, donnant l’opportunité aux slameurs en tous genres de scander leur poésie. On s’y indigne des obligations du quotidien, on se rebiffe contre la politique actuelle, mais certains textes viennent également renverser le thème pour parler d’amour ou de beauté dans le monde. Tout simplement. 


    A grands coups de crayon, d’imagination, de rire, de Cervoise ou de Telenn Du, chacun est poussé au- delà de son « insurgé profond ». Les organisateurs de Slam Connexion réussissent le pari, l’atmosphère plus que joviale mêlent les grands habitués de la scène et les slameurs débutants à participer, y a pas à tortiller, il faut mettre les mains dedans. Ce soir, qu’on se le tienne pour dit, l’hésitation est à laisser au vestiaire.

    A.F


  • 10.03 Rencontre en classe avec Lou Raoul              À 15h tapante, une nuée de collégiens tout excités envahit la petite salle de français. Après avoir changé plusieurs fois de place et suite à quelques « chhhut », le silence se fait tout à fait. Aujourd’hui, on reçoit la poète Lou Raoul au collège de Cleunay.  Les poèmes, les élèves les ont lus en classe. Ils ont travaillé sur les phrases, sur les sonorités et y ont associé des photos. Mais l’auteur en chair et en os, c’est autre chose. Ça impressionne. Au début… 


    On commence par tendre un petit bol à Lou dans lequel elle pioche un bout de papier parmi d’autres.                          

                     « Enfance » 


    Alors, Lou raconte ; « Je suis née dans la campagne des Côtes d’Armor. J’ai découvert la ville en faisant mes études à Rennes à 18 ans. La nature a toujours été très importante pour moi et la campagne me manque pour ses silences. D’ailleurs, en ville, les oiseaux ne viennent pas sur mon balcon. » 


    Et puis, très vite, les langues se délient ;
    « Pour que les oiseaux viennent, il faut que vous y mettiez du pain aussi, sur votre balcon ! » 


    Les mains se lèvent de plus en plus nombreuses, de plus en plus curieuses dans la salle de classe où s’affichent déjà sur les murs, vers et poèmes que les élèves ont imaginé puis copié sur du papier coloré.  


    « Est-ce que vos ondes négatives elles s’en vont quand vous écrivez des poèmes ? »
    « - Est-ce que vous étiez forte à l’école ?

    - Oui

    - Ah… même en français ?... » 


    Parfois, ils ne sont pas sûrs de leur question mais n’ont aucun mal à le dire. Parfois ils la reposent pour la troisième fois consécutive. Aucune importance, l’échange se fait. 

    « L’important c’est de participer » dit Mohamed. Oui, c’est vrai, mais la curiosité est piquée au vif. Quelles sont les règles ? On rencontre des formes différentes en poésie mais il doit tout de même bien y avoir des règles ? Est-ce qu’on a le droit de tout faire en poésie ? Qu’est ce qui fait la différence entre un poème et un autre texte ? Lou explique. La poésie, c’est très libre. Elle donne alors l’exemple de l’un de ses textes dans lequel elle a choisi de ne mettre ni majuscule ni ponctuation. « Il vaut mieux éviter de faire ça en évaluation quand même » s’inquiète une élève. Il faut d’abord connaître les codes de la langue française, c’est sûr. 


    Lou fait prendre conscience aux élèves que la poésie, ce n’est pas toujours tout rose. Il est tout d’abord très difficile d’en vivre. Beaucoup de gens ont un autre métier à côté.  


    Les enfants sont très impressionnés, Lou a écrit son premier poème à leur âge. Mia, 11ans, écrit des poèmes depuis quelques années. Elle a un cahier auquel elle consacre ses textes. Elle l’a amené pour faire part à Lou de son travail ; Il y est question de sa mère, de sa sœur, de ses amis mais aussi de l’école ; « il est 3h du mat’ je vais encore faire des maths » déclame-t-elle. 


    Enfin, il est question de la langue dans tous les sens du terme. Tout d’abord, le goût sur le bout de la langue… On fait gouter à Lou quelques sucreries, en espérant que ça lui évoque quelque chose, une idée, une phrase. Elle ferme les yeux, gingembre, bergamote, violette, il y a de quoi parler d’enfance… C’est aussi la langue qui chante. Après avoir écouté Lou conter une histoire en français mais aussi en breton, les langues étrangères de la classe se font également entendre ; certains parlent turc, d’autre kabil, portugais ou encore malgache. On ne se comprend pas tous les uns les autres mais on s’émerveille à l’écoute des accents, des sonorités, des rythmes ; « ça chante ». Oui ça chante, et plus encore. La poésie semble se cacher derrière chacun de nos cinq sens…  

    A.F.

     


  • 05.03 Le Tonneau : Kinopoésie à l'Atelier d'Aran"- Ce soir, tu viens au Kinopoésie ?

    - Au quoi ?

    - Kino : "cinéma" en allemand. C'est à 20h."

     

    Rendez vous à l'atelier d'Aran, un garage aménagé dans une arrière cour, rue des Trente. Entre tentures rouges, sièges de cinéma, quelques tables et un comptoir derrière lesquels on sert des verres et repas, le lieu est convivial. Il a ce côté bricolé et alternatif à la mode berlinoise.

     

    A peine arrivés, les discussions vont bon train. Dans l'assistance, les habitués expliquent aux nouveaux venus le projet du lieu. "C'est géré par une association de professionnels qui y produisent des films documentaires. Ils travaillent dans les bureaux de la mezzanine. Et puis l'atelier organise des rencontres autour du cinéma avec séances de visionnages, mais aussi des concerts " : une petite salle de cinéma de quelques places a été prévue pour ce faire.

    Très vite, Alexandre, un des organisateurs de ce Kinopoésie, explique avec Matthieu Guingouain et Armel Gourmelin le principe de cette rencontre:

     

    " Jeudi dernier six équipes de trois ou quatre personnes ont été formées. Ces équipes avaient une semaine pour réaliser un court métrage avec ou ou à partir d'enregistrements sonores de poèmes. Ce soir, nous visionnons les films produits. Un grand merci aux équipes pour leur enthousiasme."

     

    Les extraits sélectionnés : "Malade d'amour" de Charles Pennequin, "Rouge" de Marie Bornasse, "148 propositions sur la vie et la mort" de Jean Michel Espitallier, "Pattismit" de Lucien Suel et "Du savon dans la bouche" de Louis Lafabrié, ainsi qu'un texte inédit de Mariette Navarro. "Certains des extraits ont pu être enregistrés à la Maison de la poésie de Rennes" ajoute Alexandre.

     

    Nous prenons place dans la salle de cinéma. Un temps pour synchroniser l'image et le son, un autre pour régler le volume, on y est : le premier film est lancé. Vient d'abord l'extrait audio de Lucien Suel, "Patti Smit", puis deux personnes apparaissent à l'image. Ils parlent en gallo près d'un cheval...

     

    On n'en dira pas plus. Ni sur les autres films. En vrac, disons juste que l'on y voit un couple dînant dans une ambiance rouge torride, un clip avec un homme qui pourrait être le fils de Chaplin et de Marx, un observateur à l'oeil vif écoutant sous un lit, un couple oscillant entre l'ici et l'ailleurs au gré des news du poste radio, une lune qui se couche et puis sa ville jour-nuit.

     

    05.03 Le Tonneau : Kinopoésie à l'Atelier d'AranFin des projections, le public sort. Il y a la queue : deux autres séances sont prévues. Les membres des équipes sont là et attendent sans le dire les impressions de chacun : les films sont de bonnes factures  Entre quelques verres et des assiettes de rougaille-saucisse, on discute.

     

    Aux uns et autres, on leur demande comment sont venues les idées, de quelles manières ont-ils abordés les poèmes. L'un plus dans le clip musical, d'autres dans l'esthétique de l'image, d'autres encore dans la série Z, ou le documentaire... Le Kinopoésie rassemblait plusieures associations audiovisuelles rennaises ( Scénaroptik, Equinok, Oniric Vision )  qui ont su donner aux textes leurs films. Assurément, les poètes en seront ravis.

     M.P