• 26.03 Écrire et publier en temps de crise - Travesias

     

    26 / 03 Ecrire et publier en temps de crise TRAVESIAS   

    Écrire et publier en temps de crise, c’est le débat de ce soir. Rien d’étonnant à ce que cette soirée organisée par Travesias se déroule à la Maison Internationale, avec les auteurs Washington Cucurto et Pedro Mairal, l’Argentine est à l’honneur. Deux autres invités contribuent au débat ; l’auteur rennais Gilles Amalvi et l’éditeur Alain Le Saux.

    Ecrire et publier en temps de crise, il pourrait être question de la crise économique, de la crise idéologique, mais le débat est vaste. Nous recentrons l’intitulé, il sera question de crise du livre. Autour de la petite table ronde, Alain Le Saux lance les hostilités. Il évoque notamment les problématiques que sont Amazone et le numérique puis pose une question centrale, comment conçoit-on le livre aujourd’hui ?

    L’une des principales préoccupations, la place de l’objet livre. Pedro Mairal se souvient ; en 2001, à Buenos Aires, une librairie est pillée. Tout le matériel électronique est détruit et volé alors que les livres restent parfaitement intactes. Pedro s’étonne, c’est comme si le livre n’avait aucune valeur ! Wahington Cucurto quant à lui s’offusque du prix des livres car c’est un objet qui selon lui, devrait toujours être une bonne nouvelle. Ainsi, il nous parle des cartoneros, ces livres fabriqués avec du carton recyclé que l’on se passe de main en main dans les rues de Buenos Aires et qui sont parfois diffusés en librairie. « On aime que quelque chose ne soit pas seulement commercial. Les cartoneros sont fait mains, fait avec amour, avec peu de moyens. »

    Alain Le Saux interroge nos deux invités d’outre atlantique sur leur rapport à la publication numérique. Pedro Mairal ne s’en cache pas, il est très impressionné par ce moyen de publication sans limites, « Je suis publié en Argentine, en Pologne, mais pas en Uruguay, c’est tout de même incroyable ! Alors qu’internet dépasse toutes les barrières éditoriales. » Il raconte avoir été invité à rencontrer des étudiants à l’université de Madison dans le Wisconsin « Il faisait très froid, je me souviens du lac gelé à côté de l’université, pour moi, c’était l’autre bout du monde ! Mais je me suis rendu compte que tous les étudiants présents avaient lu mes livres grâce à internet. J’étais très étonné. »

    Gilles Amalvi se souvient bien de la situation de crise du livre en Argentine. Pour cause, il y a vécu. Sur place, une autre crise, celle du langage. Gilles a très peu de vocabulaire en espagnole et tente continuellement d’expliquer ses pensées avec les quelques mots qu’il connaît. Cette crise si personnelle soit-elle pousse l’auteur à la réflexion ; Il écrit sur l’apprentissage de la langue et s’interroge sur la fragilité de l’assise dans sa propre langue. L’extrait qu’il nous lit ce soir illustre parfaitement son propos ; de longues phrases en français pour une traduction très brève et répétitive en espagnole.

    « Comment extraire des mots ? L’idiome. L’écoute. Des lèvres toucher l’inexplicable »

    Pedro et Washington lisent à leur tour quelques poèmes bien crus de leurs crus, en espagnole. L’idée de crise est peut-être prégnante en Argentine, mais elle ne semble pas décourager nos deux auteurs pour autant.

     

    A.F