• 24.03 Michaël Glück, Maguelone Vidal et Sylvie Nève.

     

     24.03 Michaël Glück, Michaël Glück et Sylvie Nève.            En invitant les poètes Sylvie Nève et Michaël Glück accompagnés de la saxophoniste Maguelone Vidal, Déklamons frappe fort sur le Tambour de Rennes 2.

     

    Le premier mot de la soirée ? « J’écris ». Sylvie Nève pose les bases et nous offre la liste certainement non-exhaustive de toutes les raisons qu’elle a, chaque matin, de prendre la plume.

    A son tour, Michaël Glück, poète émérite reconnaissable à sa grande barbe blanche et à sa chemise col Mao, apporte sa contribution au petit vent d’insurrection qui s’installe dans l’amphithéâtre. Maguelone et Michaël accordent leurs arts et se conduisent l’un l’autre.

     

    Elle, Maguelone, porte des baskets aux pieds. On le constate très vite, c’est indispensable. Elle n’est pas simplement musicienne ; elle vit le son, le texte, elle danse sur scène.

    Tous deux se complètent et interrogent le pouvoir de l’espérance, entremêlant leurs armes en torsade ; un saxo, des mots. Comment s’en sortir ? S’accrocher ? En rythme, à coup d’anaphores, Michaël s’adresse à « elle ». Michaël tente d’imaginer ses réponses à elle. Celle qui. Celle qui dit.

     

    «Tu dis qu’espérer n’est pas un mot à retenir (…), qu’espérer n’est pas un mot mais une caresse oubliée. Une vaine douleur. »

    24.03 Michaël Glück, Michaël Glück et Sylvie Nève.

    Maguelone est tout autour, à côté, dedans. Maguelone est l’indicible. Elle est la voix intérieure. L’ange et le diable sur l’épaule. Elle pose la question qui reste en suspens. Elle est l’écho. D’un son grave et monocorde avec son sax comme une brume épaisse qui nous perd s’échappe un son plus aigu, soudain, un son qui réenclenche la mécanique, comme une tentative toujours plus forte de répondre à la question : Comment s’en sortir ?

     

    « Comment dénoncer l’abjection dans la langue de l’abjection ? »

     

    (C’est un secret, mais je me laisse tomber dans le fond de mon siège au moment où l’on invite le public à participer à la lecture.) Bien mal m’en a pris, l’exercice est doux. Il n’est pas question ici de tourner les projecteurs sur qui que ce soit dans la salle. Maguelone est la chef d’orchestre et gère d’une main ferme les pointes de lectures de part et d’autres de l’amphithéâtre. On est ensemble. Dans le même lieu. Dans le même son. Michaël lit avec nous, entre nous, comme des vagues qui s’alternent. Il n’y a plus de public.

     

    Michaël nous renvoie pour finir à l’insurrection adolescente, à la source de sa poésie à lui. Michaël nous renvoie à ses quatorze ans et à Rimbaud, avant de se retirer et d’inviter Sylvie Nève à refermer la marche. A la manière de Bernard Heidsieck avec son célèbre Vaduz, Sylvie parle de Gaza, des enfants de réfugiés qui peinent à imaginer le monde. « Tout autour de Gaza » fait raisonner l’espoir et le poème de Heidsieck, rendant ainsi hommage au poète disparu en Novembre dernier.

    A.F